Les coulisses de Majuno

Stéphanie Wesle

Stéphanie Wesles est un drôle d’oiseau. Modiste de formation, elle a dessiné une incroyable table pour nous. Stéphanie sait travailler de nombreuses matières, du feutre à la laine en passant par la paille mais l’élue de son cœur est la plume. C’est donc avec ce matériau aussi fragile qu’élégant qu’elle a créé une table exceptionnelle de beauté et de délicatesse.

Dix ans après la création de son atelier de modiste, son remarquable travail a été reconnu par ses pairs puisque son atelier a été élu Entreprise du Patrimoine Vivant. Une grande fierté pour cette artiste plumassière.

Pourquoi la jeune allemande que vous étiez est-elle venue s’installer en France ?

Je suis originaire de Francfort et j’ai toujours rêvé de la France. J’ai donc quitté mon pays natal à 25 ans pour apprendre le métier de modiste à Paris. Diplôme en poche, j’ai sillonné le pays et je suis tombée amoureuse de l’Ardèche. A l’aube de l’an 2000, j’ai posé mes valises à Aubenas, une petite ville de 12 000 habitants que j’adore. J’y ai ouvert mon atelier-boutique, le bien-nommé Atelier Autruche.

Comment passe-t-on du métier de modiste à celui de plumassière ?

Au fond, c’est un peu la même chose. En tout cas, l’évolution de mon métier suit une vraie logique même si ça ne semble pas évident au départ. Pour créer des chapeaux, j’ai appris à travailler des matières très différentes. La plume a toujours fait partie des artifices utilisés par les chapeliers. Elle est fragile et ne se laisse pas faire facilement mais au fil des années, j’ai su l’amadouer.

Petit à petit, j’ai commencé à faire des ornements, des aplats de plumes qui forment comme des tableaux. J’aime la façon dont ils prennent la lumière, une seule plume peut donner à voir de nombreuses nuances. C’est d’ailleurs grâce à ces ornements que je suis arrivée à la table imaginée pour Majuno, une première pour moi. J’ai rencontré Julie, à l’origine de ce projet, sur le salon Maisons et Objets. Elle a vu mes tableaux de plumes et l’histoire a débuté.

Où trouvez-vous cette matière si vivante ?

Mes interlocuteurs sont des éleveurs ou des fournisseurs pour plumassiers, les mêmes qui répondent aux demandes parfois un peu folles des maisons de haute couture par exemple.

Quelles sont les différentes sortes de plumes utilisées pour cette table ?

Partons de l’extérieur pour aller vers le cœur si vous le voulez bien. Le contour du cercle est constitué de plumes d’autruches que j’ai teintes, puis nous avons des plumes de paon dont on reconnait le bleu si profond et lumineux. Il y a également des plumes qui font penser à des écailles, elles viennent du paon elles aussi. Puis j’ai apposé des plumes de perdrix beiges et rosées. Et enfin, le cœur est fait grâce aux plumes du faisan rouge, qu’on appelle aussi faisan cornu ou tragopan.

Après avoir longuement pensé le dessin, je les colle les unes aux autres, utilisant ainsi la technique de la marqueterie. La dernière étape, c’est la pose d’un verre pour protéger l’ensemble car je vous rappelle que la plume est un matériau à la fois solide et fragile. Mais ce qui fait sa magie, c’est qu’elle est toujours majestueuse.

Les pièces d'exception
Le mobilier à composer
Le service sur mesure